« Nous, agriculteurs, devons communiquer sur les réseaux sociaux ». Laurent Gasc, éleveur de brebis et agritwittos

« Montrer la réalité du métier, diffuser des images, partager notre quotidien. » Installé dans le Tarn, Laurent aime son métier et veut le défendre.

Rencontre avec Laurent Gasc, éleveur de brebis et agritwittos. Passionné par son métier il nous explique aussi pourquoi il est important pour lui de communiquer sur les réseaux sociaux. “Montrer la réalité de l’agriculture et ne pas laisser les autres déformer les choses”.

Ivar Couderc : Rédacteur en chef des Clés de l’Agriculture
Bonjour à tous ! Aujourd’hui, j’ai le grand plaisir de recevoir un agriculteur, un éleveur, il s’appelle Laurent Gasc. Bonjour.

Laurent Gasc : Éleveur de brebis et AgriTwittos
Bonjour.

Ivar Couderc : Rédacteur en chef des Clés de l’Agriculture
Alors, vous êtes agriculteur, vous êtes éleveur de brebis, à un kilomètre d’Albi, c’est ça ?

Laurent Gasc : Éleveur de brebis et AgriTwittos
Un peu plus, éleveur de brebis à vingt kilomètres d’Albi, à peu près. On est dans le rayon Roquefort, à 75 km de Roquefort. Le rayon Roquefort globalise cinq départements et 1800 producteurs, dont je fais parti.

Ivar Couderc : Rédacteur en chef des Clés de l’Agriculture
Si je vous ai proposé de vous inviter aujourd’hui, c’est pour nous parler un peu de votre votre métier, mais aussi nous expliquer, pourquoi vous êtes un agriculteur très communiquant. Vous êtes sur le réseau twitter, je crois que vous avez 4745 abonnés, c’est déjà un joli chiffre. Vous communiquez beaucoup sur twitter, dans votre quotidien, dans votre travail… pour plein de choses. On vous voit sur un tracteur, sur une machine, on vous voit avec vos brebis… Vous exprimez aussi beaucoup vos opinions. Pourquoi est-ce qu’un éleveur comme vous, aime utiliser twitter, ça sert à quoi ?

Laurent Gasc : Éleveur de brebis et AgriTwittos
Déjà, ça sert à sortir de mon isolement. Je suis à 2 km du village, je ne vois pas forcément mon voisin. Je vois ma famille, mais après, au quotidien, je ne vois pas grand monde. Si j’ai des questions à poser, j’appelle un technicien qui ne me répondra pas forcément en temps voulu. Depuis que je suis sur twitter, je me suis rendu compte qu’il y avait beaucoup d’agriculteurs et en un tweet, on peut avoir la réponse dans la seconde, par rapport aux questions qu’on peut se poser: des questions techniques, des questions agronomiques… Et voilà, c’est pour ça que, au départ, je m’y étais mis.

Ivar Couderc : Rédacteur en chef des Clés de l’Agriculture
Premier point donc, utiliser les réseaux sociaux comme un réseau de travail, c’est aussi une solution pour trouver des réponses à des pannes, demander des conseils. Finalement, c’est peut-être pour vous, une façon de vous accompagner dans votre travail. Le deuxième point, c’est que vous n’hésitez pas à partager plein de petites choses de votre quotidien. C’est justement une envie de partager, de montrer la réalité de la vie d’un éleveur ?

Laurent Gasc : Éleveur de brebis et AgriTwittos
Oui, voilà. C’est comme ça qu’on arrive à faire face à certaines attaques dont on est victime, quelque part, par rapport à une association quelconque, qui va lutter pour la défense des animaux. Si on nous accuse de maltraitance, si on nous traite d’empoisonneurs, de pollueurs… donc par le biais de ces images là; la communication positive qu’on a fait par rapport à France AgriTwittos, l’association que l’on a créée, il y a un peu plus de trois ans; ça permet aux citoyens, aux consommateurs, de voir la réalité, par le biais des réseaux sociaux, autre que par la télévision, que par le média qui veut imposer une forme d’idée, d’opinion. Sur les réseaux sociaux, il y a des agriculteurs qui montrent ce qu’il faut et on essaye de contrer un peu les idées reçues de certains médias, de certains journalistes qui essayent d’imposer leurs idées en invitant des présidents d’associations d’ONG et ils n’inviteront jamais des vrais chercheurs …

Ivar Couderc : Rédacteur en chef des Clés de l’Agriculture
C’est une façon pour vous de répondre en montrant la réalité de votre métier, la manière dont vous travaillez et finalement de répondre un peu. C’est la preuve par l’image, par la démonstration de la réalité, que tout le monde ne travaille pas mal. Il y a, et ils sont nombreux, des agriculteurs, des éleveurs qui travaillent bien, normalement, qui sont respectueux de beaucoup de choses. Est-ce que justement, les consommateurs, l’entourage, des citoyens, réagissent par rapport à vos tweets, à vos photos, à vos posts ?

Laurent Gasc : Éleveur de brebis et AgriTwittos
Oui, ça réagit pas mal. Déjà, le fait de s’abonner à mon compte, ou aux comptes d’autres agriculteurs, ça veut dire qu’on apporte du crédit à ce que l’on fait. Après, il y a toujours une minorité silencieuse ou une majorité silencieuse, je ne sais pas, qui de temps en temps, le fait d’aimer les photos que l’on met sans forcément réagir, je pense que ça apporte du crédit à ce que l’on fait. Et après, celui qui est un peu contre notre façon de faire, nos haters on va dire, eux, ils n’hésiteront pas à nous attaquer en disant que ce n’est pas vrai, qu’on n’est pas dans la réalité, enfin, qu’on est dans la réalité mais que l’on pourrait faire autrement, arrêter l’élevage, des trucs comme ça.
Ivar Couderc : Rédacteur en chef des Clés de l’Agriculture
Ça compte pour le moral de l’agriculteur que vous êtes, et de vos amis aussi, de communiquer comme ça, de façon positive, de communiquer tout court ?

Laurent Gasc : Éleveur de brebis et AgriTwittos
Oui ça compte. Ça compte pour le moral, ça compte pour l’envie de montrer mieux, de montrer plus, de donner envie aux consommateurs de manger du roquefort, de manger nos produits.

Ivar Couderc : Rédacteur en chef des Clés de l’Agriculture
La famille aussi vous l’impliquez, je crois, dans vos posts, dans vos photos ?

Laurent Gasc : Éleveur de brebis et AgriTwittos
Oui. Ça montre que l’agriculteur, c’est pas forcément quelqu’un qui travaille dans ses champs comme un fou. L’agriculteur a une famille, l’agriculteur a des enfants. C’est « Monsieur tout le monde » qui partage son quotidien et en plus de ça, qui montre que le produit français, que les fromages, la viande … c’est mieux si c’est français. Et c’est mieux si on montre, nous, producteurs, comment on le fait et ça donne envie, certainement aux consommateurs de consommer nos produits à nous.

Ivar Couderc : Rédacteur en chef des Clés de l’Agriculture
Qu’est ce que pense les fédérations professionnelles, les syndicats professionnels, de ce type de comportement, que vous avez sur les réseaux sociaux ? Parce que finalement, vous parliez des AgriTwittos , ça finit par faire du monde qui s’exprime, beaucoup d’agriculteurs qui communiquent, qui ont beaucoup d’abonnés.

Laurent Gasc : Éleveur de brebis et AgriTwittos
C’est vrai oui. Après, au niveau syndical, moi je ne suis pas syndiqué, je n’ai jamais été syndiqué, il s’est avéré que là, cet hiver, la chambre d’agriculture m’a demandé de venir présenter l’association France AgriTwittos, parce que je suis vice-président région sud-ouest de l’association, qui a été crée en novembre 2017. Et du coup, les syndicats locaux tarnais; qui s’intéressent un peu à comment communiquer positivement sur les réseaux sociaux; nous ont invité pour en parler, pour présenter l’association, pour amener le livret, qu’on a fait au niveau de l’association. Et petit aparté, le petit poème qu’il y a, à la fin du livret, c’est moi qui l’ai écrit, voilà.

Ivar Couderc : Rédacteur en chef des Clés de l’Agriculture
C’est important que les agriculteurs de tous les âges et de tous les horizons communiquent, sur les réseaux sociaux ? C’est facile, on peut poster une vidéo de son quotidien, des photos, un petit mot, donner son avis. C’est important que les agriculteurs le fassent sérieusement, justement dans un climat où malheureusement il y a aussi de l’agribashing, ça participe de votre manière d’exister, de rayonner, de montrer la réalité ?

Laurent Gasc : Éleveur de brebis et AgriTwittos
Après, tout le monde ne le fera pas mais c’est important qu’on le fasse, oui.

Ivar Couderc : Rédacteur en chef des Clés de l’Agriculture
C’est assez nouveau finalement, que justement les agriculteurs prennent la parole grâce aux réseaux sociaux, c’est une opportunité pour vous ?

Laurent Gasc : Éleveur de brebis et AgriTwittos
Effectivement oui, parce qu’en fait, je me souviens, il y a une dizaine d’années, où un journaliste était venu me voir pour parler, parce qu’on a des gîtes à côté et il voulait faire un reportage sur l’agriculture et le tourisme. Et avant de partir, il me demande… bon, on a fait des plans, on a discuté, bon, on a sympathisé… et puis avant qu’il ne parte, il me dit: « bon, je vais te poser une question et tu vas me répondre que tu ne vas pas t’en sortir, que tu es obligé de faire appel à tes parents parce que tu ne peux pas te payer un employé. » Je dis : « mais ce n’est pas vrai ! » Et il me dit: »et bien écoute, tu dis ça, et puis nous on s’en va, et puis voilà, on a notre reportage. » Donc, c’est à partir de là, que je me suis dit: « Pourquoi, ce sont eux qui doivent montrer le visage de l’agriculture ? » Après, avec les réseaux sociaux, on a pris la parole et ça a permis de passer une image réelle, pas un truc tordu comme cette fois là, quoi. Je m’étais senti trahi et manipulé quoi.

Ivar Couderc : Rédacteur en chef des Clés de l’Agriculture
Je suis convaincu que vous êtes un agriculteur, un éleveur optimiste, puisque quand on voit tout ce que vous partagez ça montre le plaisir et la diversité des choses que vous rencontrez dans votre vie professionnelle. Si vous aviez un ou deux messages à faire passer à ceux qui nous écoute, ce serait quoi ? C’est que l’agriculture à de l’avenir, c’est un beau métier, il faut y aller ?

Laurent Gasc : Éleveur de brebis et AgriTwittos
Oui, il faut y aller, oui je pense. Dans cinq ou six ans, il y aura des terres à reprendre. Ce matin, j’ai discuté avec un voisin, il a soixante-deux ans et quarante hectars. À ce jour, il n’a aucune reprise, aucun enfant qui soit intéressé. Son voisin, pareil. À mon avis, il faut continuer quand même à manger, à mon avis il faut y aller, il y a des fermes à reprendre, il y a du potentiel. Ce serait dommage de laisser en friches des centaines d’hectars et il y a de quoi faire. Il ne faut pas avoir peur, il ne faut pas regarder les heures, il ne faut pas regarder si on ne part pas ce weekend là, et bien tant pis, on partira plus tard. Il faut arrêter aussi de dire, « les weekends, il faut partir « . Si on fait un truc qui nous plaît, on n’a pas besoin de passer le weekend à la mer, à la montagne. Si on fait un truc qui nous plait, on fonce.

Ivar Couderc : Rédacteur en chef des Clés de l’Agriculture
Clairement, vous avez du plaisir dans votre travail d’éleveur, Laurent ?

Laurent Gasc : Éleveur de brebis et AgriTwittos
Voilà, oui. Après moi, si je ne prends que quatre jours de vacances par an, ça m’est égal. Après, au jour le jour, tous les jours que je fais, ça me plaît et je ne regarde pas mes heures.

Ivar Couderc : Rédacteur en chef des Clés de l’Agriculture
Laurent, merci beaucoup d’avoir répondu à nos questions sur les clés de l’agriculture. Bon courage et bon plaisir pour la suite avec vos camarades brebis et bien-sûr le roquefort en bout de piste. On rappelle votre nom sur Twitter pour que l’on vous suive.

Laurent Gasc : Éleveur de brebis et AgriTwittos
C’est: laurentg76

Ivar Couderc : Rédacteur en chef des Clés de l’Agriculture
On va continuer de suivre vos aventures et puis j’invite tout le monde à s’abonner au compte de Laurent Gasc, éleveur de brebis à 20 km d’Albi. Merci beaucoup Laurent, à bientôt.

Laurent Gasc : Éleveur de brebis et AgriTwittos
Merci, au revoir.

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