3 questions à Hermine Chombart de Lauwe, Déléguée générale du CNRA (Conseil National pour la Résilience Alimentaire)

Après le succès rencontré par sa première journée parlementaire, le CNRA a décidé de réitérer l’exercice et d’en faire un événement annuel. En attendant cet évènement programmé le 12 octobre prochain à l’Assemblée Nationale, réunissant celles et ceux s’investissant concrètement en faveur de la transition alimentaire, la Déléguée générale du CNRA, Hermine Chombart de Lauwe répond à nos questions. Les Clés de l’agriculture animeront en tant que partenaire média la première table-ronde de cette journée, “Agir sur le paysage alimentaire local (la résilience spatiale/matricielle)”. 

1/ Plus d’un an après la première édition de cette journée parlementaire du CNRA , quels axes avez-vous cette fois-ci privilégiés ? 

Le contexte ne s’est malheureusement pas amélioré depuis notre première édition du 8 avril 2021. À la pandémie de Covid 19, sont venus s’ajouter des épisodes climatiques (sécheresses, dômes de chaleur, incendies), mais aussi la guerre en Ukraine, les révoltes étudiantes, une crise de la démocratie et un contexte inflationniste fort.  Les médias, les scientifiques, tous les rapports nous alertent depuis longtemps sur l’urgence d’agir pour la résilience alimentaire. Alors pour cette deuxième édition, nous voulons rappeler que la résilience alimentaire est urgente certes, mais surtout désirable ! Face à la situation anxiogène, nous voulons parler de ces hommes et ces femmes qui se dévouent pour nous, qui chaque jour se lèvent pour nous nourrir, qui font de leur mieux pour produire une alimentation plus saine, plus durable et respectueuse de l’environnement.  Car oui : les solutions existent et elles sont nombreuses. Le CNRA les présentent et les représentent. 

2/ Quels sont les freins qu’ils restent à débloquer en faveur d’une transition alimentaire pour tous ? 

Il me semble qu’ils sont de deux ordres : tout d’abord, si nous avons pris conscience de la nécessité de changer notre système alimentaire, il faut du temps pour que ces changements se mettent en œuvre sur tous les maillons de la chaîne de valeur. S’il est urgent d’agir, il est aussi important de prendre le temps de la concertation et d’apporter plus de transparence à nos actions. Et le second point est que l’hyper-spécialisation à laquelle nous avons abouti nous empêche d’avoir une vision holistique et freine la collaboration, chacun recherchant la performance dans son silo, au détriment de l’ensemble. Favorisons l’économie circulaire et regardons tous nos projets alimentaires à l’aune des enjeux de la résilience alimentaire du territoire.

3/ Enfin question un peu provoc : la résilience alimentaire sur nos territoires a t-elle un sexe ? Plus sérieusement, avez-vous remarqué (ou pas) un engagement plus féminin, comme on le constate pour l’émergence de tiers-lieux par exemple ? 

Ah ah ! Je ne crois pas non (et intimement, je n’espère pas !) En deux ans j’ai pu échanger avec au moins 1000 personnes des systèmes alimentaires : des hommes, des femmes. Ils et elles sont étudiants, chercheurs, élus, agriculteurs, grands groupes, startups, associations… La résilience alimentaire a mille visages. Ce qui les réunit, c’est leur engagement au service du bien commun, cette certitude que l’on peut faire bouger les lignes si l’on partage avec l’autre et travaille en collaboration.

Infos & programme : https://www.cnra-france.org/journee-parlementaire-de-la-resilience-alimentaire/

Inscriptions sur : https://forms.gle/53zkAmdnmLCDkwLo6

Propos recueillis par Marie-Laure Hustache

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