Pesticides et agriculture : enjeux pour la santé, l’environnement et les solutions naturelles

02/05/2025

Les implications des pesticides sur la santé humaine

Les effets des pesticides sur la santé humaine représentent une préoccupation majeure. De nombreuses études révèlent que l’exposition, même à de faibles doses, peut avoir des conséquences à court et long termes.

Une exposition diverse et étendue

Les pesticides peuvent atteindre l’homme de multiples façons : ingestion d’aliments contenant des résidus, inhalation lors de leur application ou contact cutané pour les agriculteurs et travailleurs agricoles. Selon l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), une exposition prolongée peut augmenter les risques de troubles neurologiques, modifications endocriniennes, cancers ou complications respiratoires. Une étude de 2020 par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a également identifié un lien entre l’exposition aux pesticides et certaines pathologies comme la maladie de Parkinson, reconnue comme maladie professionnelle chez les agriculteurs en France.

Les enfants, une population particulièrement vulnérable

Les enfants sont particulièrement exposés en raison de leur physiologie en développement. Les perturbateurs endocriniens présents dans certains pesticides peuvent affecter leur croissance et provoquer des troubles du développement cognitif ou hormonal.

Synthèse ou biocontrôle : distinguer deux types de pesticides

L’univers des pesticides se divise en deux grandes catégories : les pesticides de synthèse et les produits de biocontrôle, qui répondent à des logiques différentes.

Les pesticides de synthèse

Ces produits chimiques, développés en laboratoire, sont largement utilisés depuis l’après-guerre. S’ils ont permis d’accroître rapidement les rendements agricoles, ils posent des problèmes de toxicité pour les sols, les eaux et la biodiversité. En outre, l’usage intensif a mené à des phénomènes de résistances chez certains ravageurs.

Les produits de biocontrôle

À l’inverse, le biocontrôle privilégie des solutions naturelles pour protéger les cultures. Ces produits s’appuient sur des organismes vivants (insectes prédateurs, champignons, bactéries) ou des substances naturelles (extraits de plantes). Reconnus pour leur faible impact sur l’environnement, ils s’intègrent dans une logique d’agroécologie, en limitant les effets négatifs sur la santé et les écosystèmes.

Pesticides et alimentation : comment les résidus atteignent nos assiettes

Les résidus de pesticides se retrouvent fréquemment dans les aliments, malgré les limites maximales de résidus (LMR) définies par les autorités. Selon un rapport de l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA), près de 29 % des fruits et légumes cultivés en Europe contiennent des traces mesurables de pesticides.

Les molécules les plus persistantes, comme le glyphosate, peuvent résider dans les sols et contaminer les cultures de manière indirecte. Les méthodes de traitement en post-récolte et les importations de produits agricoles en provenance de pays moins réglementés augmentent également la probabilité de retrouver des résidus pesticides dans nos assiettes.

Explorer les alternatives naturelles aux pesticides

Les préparations naturelles peu préoccupantes (PNPP)

Ces solutions font appel à des substances d’origine végétale, animale ou minérale pour protéger les cultures. Par exemple, des extraits d'ail et d’ortie sont utilisés pour leurs propriétés antifongiques et répulsives. Les PNPP bénéficient d’une réglementation simplifiée et sont plébiscitées par les agriculteurs biologiques.

Les insectes auxiliaires

Certains insectes, tels que les coccinelles, guêpes parasitoïdes ou nématodes, jouent un rôle essentiel dans la lutte naturelle contre les ravageurs. L’introduction de ces prédateurs dans les cultures peut considérablement réduire la dépendance chimique.

Des techniques mécaniques et physiques

Le désherbage mécanique, l’usage de filets protecteurs ou certaines technologies comme le désherbage par chaleur (flamme ou électrodes) sont d’autres voies intéressantes pour limiter l’utilisation des produits phytosanitaires.

Les plantes compagnes : réduire naturellement les intrants

La technique des plantes compagnes repose sur le choix d’associations spécifiques au sein des cultures. Par exemple, planter du trèfle ou de la luzerne en voisinage d’une culture céréalière permet de repousser certains insectes ravageurs tout en enrichissant le sol en azote.

  • Le basilic éloigne les pucerons lorsqu’il est planté avec des tomates.
  • Le haricot protège les pommes de terre des doryphores.
  • La capucine agit comme un "piège à insectes" détournant les pucerons des cultures sensibles.

Ces pratiques, fondées sur une meilleure compréhension de l’interaction entre les plantes et leur environnement, s’inscrivent dans une dynamique d’agriculture régénérative.

L’agriculture biologique : un modèle sans pesticides ?

L’agriculture biologique interdit l’usage des pesticides de synthèse mais reste dépendante de produits de protection d'origine naturelle. Ceux-ci, bien que souvent moins impactants, ne sont pas toujours sans effets sur l’écosystème. Par exemple, le cuivre, utilisé comme fongicide en bio, peut s’accumuler dans les sols et affecter leur biodiversité.

Néanmoins, l’agriculture biologique repose sur des principes vertueux comme la rotation des cultures, le compostage ou l'introduction de haies et de prairies pour renforcer les écosystèmes, ce qui réduit significativement les besoins en intrants.

Réglementation et encadrement des produits phytosanitaires

En Europe, la réglementation des pesticides est stricte. Chaque substance active doit être évaluée par l'EFSA avant d’être autorisée. La France s’inscrit également dans une politique nationale ambitieuse à travers son Plan Ecophyto, visant une réduction de 50 % de l’usage des pesticides d’ici 2030.

Quelque 200 substances actives auparavant couramment utilisées ne sont désormais plus autorisées dans l’Union Européenne en raison de leur impact environnemental ou sanitaire.

Effets des pesticides sur la biodiversité des sols

Les sols regorgent d’un écosystème microscopique vital : bactéries, champignons, lombrics, qui jouent un rôle clé dans la fertilité des terres agricoles. Les pesticides de synthèse peuvent perturber gravement ces communautés, en réduisant la diversité de la faune et la capacité des sols à se régénérer.

À titre d'exemple, une étude de 2019 publiée dans *Nature* a montré que certaines molécules néonicotinoïdes présentaient une toxicité élevée pour les pollinisateurs mais également pour les micro-organismes du sol, aggravant ainsi l’érosion de la biodiversité et diminuant la résilience des écosystèmes agricoles.

Vers une agriculture moins dépendante des pesticides

En repensant les modèles agricoles vers des pratiques agroécologiques, en développant des solutions comme les biotechnologies ou la robotique agricole, et en renforçant la sensibilisation des consommateurs, il est possible de réduire drastiquement l’impact des pesticides sur notre santé et la planète. Si les défis restent nombreux, la transition vers un usage responsable, voire raisonné, des pesticides, allié à des approches naturelles et innovantes, offre une voie d’avenir pour cultiver durablement sans compromettre la biodiversité.

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