Pesticides et alimentation : comment s'invitent-ils dans nos assiettes ?

11/05/2025

Qu’entend-on par pesticides ?

Les pesticides regroupent un ensemble de substances chimiques ou biologiques destinées à contrôler des organismes nuisibles dans différents contextes. Les plus courants dans l’agriculture incluent :

  • Les herbicides : destinés à éliminer les mauvaises herbes, comme le glyphosate.
  • Les insecticides : visant à protéger les cultures des parasites et des insectes ravageurs.
  • Les fongicides : utilisés pour éviter le développement de champignons sur les plantes.

En agriculture conventionnelle, ces produits jouent un rôle majeur dans le maintien des rendements, mais leur usage n’est pas sans conséquence, notamment pour la santé humaine et l’environnement.

Comment les résidus de pesticides se retrouvent-ils dans notre alimentation ?

Les résidus de pesticides peuvent contaminer nos aliments par différents mécanismes. Voici les principaux :

1. Par application directe sur les cultures

Lorsqu’un pesticide est pulvérisé sur une culture, il peut rester à la surface du produit récolté. C’est le cas de nombreux fruits et légumes, comme les pommes ou les fraises, régulièrement épinglés dans les études pour leurs résidus élevés. Même après lavage, une partie de ces substances peut persister, surtout s’ils ont été absorbés par les tissus de la plante.

2. Via le sol et l’eau

Certains pesticides sont appliqués au sol, où ils peuvent se dégrader lentement ou s’accumuler. Ces substances peuvent également migrer dans les nappes phréatiques ou se retrouver dans les rivières après des épisodes de ruissellement, contaminant ainsi l’eau utilisée pour irriguer d’autres cultures.

3. Par bioaccumulation dans la chaîne alimentaire

Dans les systèmes d’élevage, les animaux ingèrent des plantes ou des eaux contaminées par des pesticides. Ces substances peuvent alors s’accumuler dans les tissus animaux, en particulier dans les graisses, et se retrouver dans des produits alimentaires comme le lait, les œufs ou les viandes.

4. Par la dérive des pesticides

Lors de la pulvérisation des produits phytosanitaires, une partie des substances peut se disperser dans l’air et atteindre des cultures adjacentes ou des zones non-ciblées. Ce phénomène, connu sous le nom de "dérive des pesticides", augmente le risque de contamination involontaire de cultures biologiques ou de produits supposés exempts de traitement.

Que disent les études sur les résidus de pesticides ?

Chaque année, des organismes comme l’Agence européenne pour la sécurité des aliments (EFSA) publient des rapports sur les résidus de pesticides retrouvés dans les denrées alimentaires. En 2021, par exemple, l’EFSA a constaté que 27 % des échantillons testés contenaient des traces mesurables de pesticides, bien que la majorité reste sous les limites maximales de résidus (LMR) autorisées. Toutefois, certains cas de dépassement de ces seuils sont rapportés, en particulier pour certains fruits importés.

Paradoxalement, certains produits non conventionnels, comme les thés ou les infusions, présentent parfois des concentrations plus élevées de résidus que certaines cultures conventionnelles, en raison de l’absence de lavage ou de transformation avant consommation.

Quels sont les risques pour notre santé ?

Les résidus de pesticides dans l’alimentation suscitent des inquiétudes légitimes chez les consommateurs. Voici les principaux risques identifiés :

  • Troubles de santé aiguë : Une exposition à de fortes doses de certains pesticides peut provoquer des nausées, des maux de tête, ou des réactions allergiques chez les consommateurs sensibles.
  • Effets chroniques : Une exposition prolongée, même à faible dose, est associée à des risques accrus de cancers (notamment lymphomes), de perturbations hormonales ou de troubles neurologiques, selon plusieurs études épidémiologiques (INSERM, 2013).
  • Vulnérabilité accrue chez les enfants : Les jeunes enfants sont particulièrement sensibles aux pesticides en raison de leur développement encore en cours et de leur consommation plus importante d’aliments par rapport à leur poids corporel.

Cependant, il convient de souligner que l'analyse des risques intègre également une notion de seuil d’exposition : être exposé à des résidus ne signifie pas automatiquement un danger, tant que les concentrations restent inférieures aux seuils fixés par la réglementation.

Les solutions pour réduire notre exposition aux résidus de pesticides

Heureusement, plusieurs solutions existent pour limiter cette exposition.

1. Promouvoir l’agriculture biologique

Les produits issus de l’agriculture biologique contiennent généralement moins de résidus de pesticides, puisque l’utilisation des produits chimiques de synthèse y est interdite. Cependant, des contaminations involontaires peuvent subsister (via les sols ou la dérive).

2. Bien laver et peler les aliments

Nettoyer ses fruits et légumes avec de l’eau courante permet d’éliminer une partie des résidus de surface, bien que cette pratique ne soit pas infaillible. Éplucher certains aliments peut également réduire l’exposition, mais entraîne une perte de nutriments présents dans la peau.

3. Favoriser les circuits courts

Consommer local et saisonnier permet souvent de choisir des produits ayant bénéficié d’un suivi rigoureux et moins traités, notamment lorsqu’ils sont issus de petits producteurs affichant une transparence sur leurs pratiques agricoles.

4. Encourager l’innovation agricole

Les alternatives aux pesticides se développent, comme la lutte biologique, l’usage de biocontrôles ou encore l’agriculture de précision, qui limite les quantités appliquées. Ces avancées sont essentielles pour réduire les résidus tout en maintenant des rendements suffisants.

Un défi collectif pour une alimentation plus sûre

La présence de résidus de pesticides dans nos aliments est un reflet des choix agricoles et sociétaux d’hier et d’aujourd’hui. Si la réglementation européenne est l’une des plus strictes au monde, la transition vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement est indispensable pour préserver à la fois la santé humaine et celle des écosystèmes. En tant que consommateurs, producteurs et acteurs de la chaîne agroalimentaire, nous avons tous un rôle à jouer dans cette évolution vers une alimentation plus durable et plus sûre.

En savoir plus à ce sujet :