Comprendre l’agroécologie et la viticulture moderne : deux mondes qui s’opposent ?
La viticulture, secteur emblématique de l’agriculture française et européenne, est en mutation profonde. Face à l’urgence climatique, aux attentes sociétales et à des pressions économiques croissantes, la question du modèle domine les débats. Faut-il continuer à moderniser la viticulture sur un mode intensif, ou amorcer une transition vers l’agroécologie ? À première vue, ces deux visions semblent antagonistes. Mais est-ce si simple ?
L’agroécologie, telle que définie par la FAO et l’INRAE, va bien au-delà d’un simple cahier des charges : elle vise à concevoir des systèmes agricoles s’appuyant sur les fonctionnalités offertes par les écosystèmes, tout en préservant la biodiversité, les ressources naturelles et la santé humaine. Elle promeut la diversification des cultures, l’intégration des haies, des couverts végétaux, le respect des sols et la limitation des intrants de synthèse.
À l’opposé, la viticulture moderne a reposé, depuis les années 1970, sur la mécanisation, un recours massif aux produits phytosanitaires, l’homogénéisation des cépages et des pratiques, dans le but d’assurer rendements stables, qualité organoleptique constante et compétitivité mondiale. Avec 7,3 millions d’hectares dans le monde en 2022 (source : OIV), la vigne concentre désormais un usage significatif de pesticides : en France, même si la vigne ne représente que 3 % des surfaces agricoles, elle absorbe 20 % des phytosanitaires (source : Ecophyto).