Profil aromatique : que disent les analyses organoleptiques ?
L’aromatique d’un vin dépend d’une multitude de facteurs (terroir, conditions de vinification, âge du vin…) mais le cépage en reste l’un des pivots. L’émergence des cépages résistants pose dès lors plusieurs interrogations légitimes.
- Les composés volatils sont-ils modifiés ?
- De nouveaux arômes émergent-ils, au détriment de la typicité ?
- Le consommateur perçoit-il réellement une différence ?
Des profils désormais proches des références ?
Contrairement aux hybrides d’autrefois, de nombreux cépages résistants modernes manifestent une proximité aromatique croissante avec les variétés traditionnelles. Par exemple, une étude menée par l’IFV (Vignevin.com, 2021) montre que le Floréal (blanc) ou le Vidoc (rouge) présentent des profils aromatiques assez proches du Sauvignon et du Cabernet, leurs référents respectifs.
- Floréal : Notes variétales rappelant le buis, les agrumes et la fleur blanche, avec une acidité marquée, loin des arômes « exotiques » ou musqués qui stigmatisaient les anciens hybrides.
- Artaban : Registre fruité (cassis, griotte) et herbacé, comparable à un Merlot jeune, avec des tanins souples.
- Sauvignac : Aromatique de Sauvignon Blanc, avec peut-être une plus forte intensité dans les notes de fruits frais et d’acacia.
Ce constat ne vaut pas généralité : certaines variétés – comme le Regent en Allemagne – développent parfois encore des notes dites « hybrides » (le fameux arôme « foxé », issu du composé méthylanthranilate de méthyle, rarement présent dans les purs V. vinifera).
Des panels de dégustateurs sollicités
Les instituts techniques multiplient les dégustations à l’aveugle pour comparer vins de cépages résistants et vins de cépages classiques. Ces évaluations montrent une dispersion des résultats selon :
- Le niveau de maturité des vignobles (un cépage jeune sur un terroir neuf peut manquer de complexité) ;
- Les modes de vinification (certains révèlent plus d’arômes primaires, d’autres misent sur l’élevage pour arrondir le profil) ;
- Les attentes culturelles (le dégustateur allemand sera souvent plus ouvert sur l’hybride que le bourguignon traditionnel).
Un rapport de l’OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin, 2023) cite que, sur 150 dégustateurs internationaux, 73 % n’étaient pas capables d’identifier en aveugle un vin issu de cépage résistant parmi d’autres références régionales.