Le cadre réglementaire : entre tradition et pragmatisme
La définition européenne et la notion d’appellation
Le système des AOP (Appellation d’Origine Protégée), successeur de l’AOC, instaure un cahier des charges précis comprenant notamment :
- Des critères géographiques (terroir, zones de production)
- Des pratiques culturales et œnologiques strictes
- Une liste limitative de cépages autorisés
Jusqu’en 2021, seuls les cépages étaient acceptés pour la production sous AOP (Ministère de l’Agriculture). Les hybrides, même résistants, étaient donc exclus d’office pour la plupart des appellations, car jugés incompatibles avec la notion de « typicité » (identité sensorielle liée à un terroir et une tradition).
Des évolutions récentes, timides mais porteuses d’espoir
En 2018, l’Union européenne a assoupli sa réglementation, permettant l’intégration de « variétés obtenues par croisement interspécifique » tant qu’elles donnent du raisin exclusivement destiné à la vinification. Cette modification a ouvert une brèche, exploitée depuis janvier 2021 (FranceAgriMer).
Dorénavant, des cépages résistants peuvent être utilisés dans certains cahiers des charges d'AOP ou d'IGP, après validation par l’INAO (Institut National de l’Origine et de la Qualité). Néanmoins, ils doivent représenter au maximum 5 % de l’encépagement d’une parcelle et 10 % dans l’assemblage final. En clair, ils sont tolérés comme cépages secondaires ou expérimentaux, rarement comme variétés principales (INAO).
Dans certaines régions, comme l’Alsace ou le Bordelais, des expérimentations officielles sont en cours : le Souvignier Gris ou le Floréal en Alsace, ou encore six nouveaux cépages résistants introduits dans l’AOC Bordeaux depuis 2021 (Vitisphère).